Primognon

Primognon, l’ancêtre des mailles

Avant la couleur, avant les symboles, avant même que le crochet ne connaisse la magie, il y eut Primognon.
Né d’un fil brut, sans teinte ni modèle, il fut la première création à émerger du silence des pelotes. La crocheteuse ne savait pas encore ce qu’elle faisait : ses mains suivaient une intuition ancienne, et la laine, docile, prit forme d’oignon.

Primognon ouvrit ses yeux de fil, et le monde du crochet s’éveilla.
Autour de lui, les pelotes se mirent à frémir, comme si chaque fibre reconnaissait son origine. Il n’avait ni pouvoir, ni décor, ni symbole seulement une aura tranquille, celle de la création pure.

De son existence jaillirent les forces élémentaires.
Son souffle donna naissance à Aérognon, sa chaleur à Feugnon, sa douceur à Eaugnon, sa patience à Florignon. Puis, plus tard, d’autres fusions vinrent, portant en elles l’écho de sa trame.

Aujourd’hui encore, Primognon repose au centre du panier. Sa laine n’a pas jauni, son regard ne s’est pas terni. Il ne parle pas, mais tous les oignons sentent sa présence, une vibration stable, rassurante, presque cosmique.

Car tant qu’il existera, aucune maille ne se perdra vraiment.
Tout fil cassé sait qu’il retournera, tôt ou tard, à Primognon, le premier battement du crochet.